L’affaire a été traitée comme un grand procès, c’est-à-dire une farce, et on trouvait dans le tribunal toutes les parties, chacune dans son rôle… La sentence est tombée : Jérusalem capitale, c’est jugé ! La peine la plus lourde, en apparence, et c’est sans appel. A-t-on oublié pourtant la tromperie des apparences ?
     Il fallait bien le reconnaitre un jour, puisque c’était vrai depuis presque toujours (déjà trop longtemps) : Jérusalem est la capitale de l’état juif. C’est à Jérusalem que se réunit le pouvoir juif, au sein de la Knesset, le parlement israélien, et c’est toujours à Jérusalem que se situe le Mont du Temple (dont il ne reste que le Mur des Lamentations, merci Titus !) c’est-à-dire le lieu juif le plus sacré.
     Face à un dossier aux pièces aussi explicites, aucun juge de notre époque ne pouvait refuser d’accueillir la demande tacite israélienne : au mieux (ou au pire, au choix), il pouvait renvoyer la procédure d’officialisation et se contenter de ce qui était déjà, officieusement. Ne pas trop se mouiller face à un monde musulman endormi, certes, mais dont on se méfie toujours un peu, par prudence.
     Le dossier est tombé entre les mains d’un nouveau juge qui, lui, ne voyait pas d’inconvénient, et nous non plus, à dévoiler les réelles lignes directrices qui gouvernent son office, n’en déplaise à ceux qui voyaient en Trump une sorte de rebelle… Donald Trump, le pire magistrat que l’humanité ait connu à ce jour, donc le meilleur président américain imaginable, n’est pas du genre à sourire à la veuve et l’orphelin palestiniens, à laisser de l’espoir, pour finalement mieux les condamner ensuite, à la Obama… Technique peut-être trop juive quand même pour ce vieux goy qui n’a pas à se dandiner autant à cause de la couleur de sa peau. Il les punit le plus sévèrement possible, les yeux dans les yeux (depuis son bureau à Washington), en essayant même d’insinuer chez ses victimes une once de culpabilité comme un juge qui sait qu’il vient d’être injuste mais qui, par mépris pour la faiblesse des Arabes et ce qu’il voit comme des gémissements irréalistes, leur rejette la faute et la responsabilité, et de sa décision, et de leur peine.
     Pourtant, des voix se sont timidement levées pour défendre la cause palestinienne… Des sortes d’avocats autoproclamés qui ont essayé tant bien que mal de rétorquer en présentant leurs nouvelles stratégies…     

     Le premier, c’est maitre Erdogan, faux islamiste et vrai mécréant, qui a tenté en vain d’imposer son firman de faux sultan ottoman : le président turc a laissé savoir qu’il considérait le sort de Jérusalem comme « une ligne rouge pour les Musulmans » qui, si elle était franchie, pourrait l’amener jusqu’à couper ses liens diplomatiques avec Israël… Quelle menace ! Il se contenterait de quelques quartiers, la moitié de la ville seulement, l’Est bien sûr… Il doit penser que c’est déjà pas mal… Malgré son emphase, on ne peut s’empêcher de se questionner sur sa réelle force et sa supposée sincérité. N’accueille-t-il pas sur son propre territoire les bases militaires du grand juge Trump auquel il s’oppose ? Pour l’instant, il cache cette saleté sous son tapis de prière… Et les lois coraniques, alors ? Les applique-t-il véritablement en Turquie ? C’est pourtant ce qui ferait de sa nation un véritable état islamique et de lui un véritable dirigeant musulman. Par contre, il n’a pas perdu de temps pour aller combattre les sunnites révolutionnaires en Syrie, à Al Bab… Ça, c’était pour lui essentiel. Il faudra donc s’y résigner, les muscles turcs ne se montreront qu’au nord de la Syrie, pas au cœur de la Palestine.
     La deuxième ligne de défense, c’est celle des plaideurs chiites… Ils ont été vus sortir à leur tour du grand tribunal ! Nasrallah, accompagné de mollahs iraniens, n’a pas hésité à se servir de toute la bave immonde de cette affaire pour se faire mousser. Il s’est présenté comme le libérateur, le nouveau Saladin ! Son argument principal, encouragé par ses alliés, est sa vraie victoire contre Israël en 2006, qui en dupa plus d’un, et offrit des ralliements à cette mouvance (autant dire cette arnaque) trompeuse. Ces menteurs blasphématoires ont pourtant toujours été tellement mauvais face à ces questions qu’ils se sont persuadés, comme ils pervertissent tout, que la Shoah de leur « ennemi » n’a pas existé… Ça en dit long sur leur esprit court… Mais les réelles visées chiites sont ailleurs, constamment voilées, comme leur impose leur croyance scélérate. La Palestine n’est pour eux qu’un étendard pour amadouer les sunnites naïfs. Ce qui compte vraiment, c’est avant tout l’alaouite Bachar et le programme nucléaire de l’Iran qu’il faut soutenir, sans rechigner à négocier avec Trump.
     Certains n’ont même pas enfilé leurs robes d’avocats et sont restés silencieux : ils n’ont pas plaidé lors de l’audience, un comble ! On les a vus s’entretenir, blaguer carrément, avec l’avocat général, c’est-à-dire celui qui cherche à faire condamner les victimes, Netanyahu. Ce sont les hommes politiques arabes bien sûr, tout droit sortis de leur inutile et soumise « ligue », bien heureux de voir ce long et très dispendieux procès toucher à sa fin… « D’accord, nous Arabes, du coup on vient, mais bon… Nous Égyptiens, pas Palestiniens ! Nous Jordaniens, pas Palestiniens ! Nous Saoudiens, etc. » Soit, mais le « nous » Musulmans, alors ? Ah mais voilà : eux Musulmans ? Pas vraiment.
     On ne peut que remarquer aussi l’absence d’autres défenseurs très attendus : ils ont dû oublier le rôle qu’ils pouvaient jouer à l’audience… Il s’agit des Talibans, qui auraient pu arrêter un temps de vendre l’opium qui les finance (et qui a dû leur monter à la tête) pour venir au prétoire. Jadis prometteurs, mais qui déçoivent chaque jour un peu plus… Éternels « étudiants » n’ayant jamais atteint la maturité, ils ne s’occupent guère que des procédures afghanes : ils ne semblent pas avoir saisi que ce sont tous les dossiers musulmans qui devraient les intéresser.

     À la sortie de ce palais de justice imaginaire attend la foule musulmane accompagnée de quelques chrétiens. L’indignation d’abord, puis le découragement général… On a même espéré une intervention papale digne de ce nom ! Pour les catholiques aussi les Juifs sont perfides, comme ils le psalmodiaient dans « Prions pour les Juifs perfides » ! Mais à la barre, le témoignage de François 1er d’Argentine fut bien décevant, se contentant de banalités sur la nécessité d’une solution à deux états, gnagnagna…
     C’est à la réaction de tout cet amas de tristes vexés mous que l’on peut percevoir si Allah les a punis à travers Trump ou si Son plan était en réalité plus nuancé. La colère, puis la tristesse et l’abattement, le sentiment que le temps du châtiment est infini : ce sont les émotions que ressentent ceux qui, par ignorance et compromission, ont transgressé Ses Lois, comme après avoir subi une drôle d’injection létale. Les visages abattus ne mentent pas : la foule a bel et bien été punie de sa léthargie et de ses dévoiements !
     Et pourtant, malgré tout, sur le parvis collectif des contrariés, on remarque quelques sourires… C’est un petit groupe de jeunes hommes aux barbes fournies, complétement vêtus de noir. Des Palestiniens, évidemment : certains viennent du Sinaï, d’autres encore appartiennent à une ancienne famille gazaouie… Mais on trouve aussi des Irakiens et des Syriens, quittant leurs camps de réfugiés pour assister, ensemble, à cette séance de ce permanent procès, et ainsi prouver leur solidarité. Pas dupes, ils n’en espéraient rien. Eux savent parfaitement que les palais de justice, même métaphoriques, sont inutiles pour leur combat. Ça ne (se) passe pas comme ça bien sûr ! C’est à coups de kalach’ que ça se jouera… Pour ces jeunes, la sentence de Trump n’est évidemment pas une punition. Ils discernent dans cette décision bien plus qu’une injustice : ils y voient une opportunité, s’extrayant ainsi des immobiles punis. Imaginez un peu la récompense accordée par Dieu le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux, à ceux qui réussiront à chasser les Juifs de la capitale spoliée ! Pour ces cœurs éclairés, il ne s’agit pas d’une simple peine, qui de toute façon n’est qu’une douleur renouvelée car déjà trop éprouvée : il s’agit d’une épreuve à surmonter et d’un combat à mener.

Rayan Freschi