Le 19 décembre 2017, Ahed Tamimi, jeune Palestinienne de 16 ans, est arrêtée par l’état israélien pour avoir giflé deux militaires juifs. C’est une tradition familiale : chaque vendredi, Ahed et sa famille partent “affronter” l’occupant. Jets de galets, coups de pieds et baffes pour “déstabiliser” un ennemi armé de bulldozers et de fusils d’assaut. “Notre force réside dans nos pierres” dit la jeune activiste : l’inefficacité palestinienne dans toute sa tragique splendeur… On connait néanmoins la nature ultra susceptible, profondément apeurée et incroyablement raciste du peuple juif : même les attaques les plus insignifiantes méritent, d’après eux, d’être lourdement sanctionnées. Les Arabes n’ont pas à lever leurs mains sur les Juifs, pensent-ils. La prison pour la petite Ahed alors, et peut-être pour plusieurs années.
Son arrestation a provoqué une effervescence, un battage bien étrange… Car il faut l’admettre : il n’y a, à mes yeux, rien d’original, ou de sensationnel, dans cette histoire de pauvre résistance… Les injustices de l’occupant israélien sont quotidiennes depuis des décennies, et on a vu bien pire sous le soleil palestinien !… Mais le regard de la masse arabe est différent du mien, il semble distinguer quelque de chose de plus profond : il perçoit une image lumineuse, un modèle à suivre ! Enfin la Palestinienne rêvée, l’Arabe à laquelle toute Arabe voudrait ressembler : blanche (et blonde), en jean moulant, chevelure au vent et pas sous un voile noir et triste ! Une vraie petite Américaine ! On l’a même vue porter un t-shirt arborant le symbole “Peace and Love”, digne des années 1970 ! Son rêve à Ahed ? Devenir footballeuse ! Une Zidane palestinienne qui ne resterait pas silencieuse après ses prouesses sur le terrain, contrairement au Zinedine original dont le silence est tout aussi légendaire que la technique ! Rien de tel, c’est vrai, pour sauver le monde arabe… Des petits ponts et des buts contre l’A.S. Israël et une bonne interview politique post-match, et tout le monde s’enthousiasme… La puérilité arabe contemporaine n’a pas beaucoup de limites…
Aucun signe d’islamité, chez Ahed, évidemment, voilà ce qui est tacitement plébiscité par tous. Que le voile ne soit pas synonyme de liberté ou de résistance dans l’imaginaire occidental, ça on le sait, mais que l’imaginaire arabe se calque sur cette même sale idée, c’est pathétique. Se couvrir pudiquement les cheveux doit, aujourd’hui, être obligatoirement un “choix”, et on en oublie totalement la portée réelle d’un tel geste et le fait, surtout, qu’il s’agisse en réalité d’un commandement divin. Quelle déformation honteuse du Message Révélé…
Aucun signe d’arabité non plus, d’ailleurs… Sa blondeur et sa blancheur ne sont que le reflet de l’idéal féminin occidental vainement copié par les moyen-orientales. Combien d’Arabes teignent-elles leur chevelure noire nuit en blond ? Combien encore s’appliquent les fonds de teint les plus pâles possibles contre tout sens du bon goût ? Ce que les résultats sont monstrueux…
Ah, ce qu’elle est “belle”, ce qu’elle est “libre”, ce qu’elle est “forte”, Ahed ! Son prénom ne signifie-t-il pas “Unique” en Arabe ? Oui, c’est bien ça : l’Unique Arabe musulmane qui ne ressemble à aucune Arabe et qu’on serait bien incapable de deviner musulmane si on ne nous le disait pas. L’Unique Palestinienne qui mérite que son visage soigné soit dévoilé au monde, c’est apparemment elle : ses sœurs et ses frères, eux, peut-être trop salement Arabes et Musulmans, resteront dans les ténèbres de l’Oubli. Quel mirage terrible dont il faut se désavouer !
Rayan Freschi